Oh, moelleux, mon merveilleux, mon voluptueux moelleux !

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Au chocolat noisettes

Voilà deux heures que je marche et mon ventre commence à crier famine. Ah, c’est trop bête ! j’aurais dû emporter un en-cas avec moi. Je peste encore quelques kilomètres lorsque je débouche sur un plateau et découvre un jardin immense. Ici pas d’exigence d’alignement. La symétrie semble inconnue. Les plantations sont en désordre, comme si elles étaient le fait d’un jardinier-poète. D’emblée, mon nez est attiré par une vague de fragrances suaves entremêlées : la douceur d’une figue de Kabylie, la fraîcheur poivrée de la menthe. Des couleurs saturent mes iris, leurs vibrations bénéfiques me lavent le cerveau. Le pourpre de la rose, ma passion fatale, l’ambre feu d’une calcéolaire, le violet d’une ancolie m’invitent à la mélancolie. Toute la gamme chromatique de l’arc-en-ciel est conviée. Toute proche, une fontaine de jouvence interprète pour moi une mélodie. Le son cristallin m’ensorcelle.

Les odeurs délicates, la musique envoûtante, les teintes pastel aiguisent mon appétit. Dès que je rentre à la maison, je me mets au fourneau. Mais pour faire quoi ?

Au loin, des insectes stridulent quelques arpèges meublant l’espace d’une symphonie aérienne. Un pic vert, vêtu de jaune et coiffé de rouge cerise, bat la mesure en tapant du bec sur un tronc noueux. Devant moi, une table et quelques chaises sont câlinées par les rayons du soleil tamisés par une treille généreuse. Dans une coupelle des grappes de raisin alanguies, cuivrées et sucrées comme du miel, m’incitent à les déguster. Je m’assois et caresse le meuble roux. Le bois respire. Brut et tendre à l’unisson, il fleure bon le chêne et le parfum du festin de la veille. Ses veines vibrent au contact de mes doigts, une tiédeur s’en dégage qui ranime mon cœur. Je poursuis mon odyssée et déniche un verger.

Là, miroitent reinettes dorées à la saveur acidulée, poires Williams tellement mûres qu’elles se tiennent prêtes à éclater. Des abricots, habillés de camaïeux d’orange et fessus à l’image d’angelots, me susurrent de les goûter. Des bananiers distribuent le fruit de leur amour, comme un pauvre offrirait la moitié de son repas à un mendiant.

Eh bien, une tarte. C’est une tarte aux fruits que je vais confectionner. J’en ai déjà les papilles qui salivent.

Ou alors un gâteau au chocolat, car voici que j’entrevois des cacaoyers parés de leurs fécondes cabosses. Ils peuplent la terre à perte de vue avec la légèreté d’un gianduja qui fond en bouche. De nombreuses espèces de baies promettent d’enfanter des ganaches torrides aux arômes d’épices, qui délivreront une amertume nostalgique. Une senteur noisette mâtinée d’un soupçon de cacao me chatouille les narines. Je m’approche d’un lac chocolat au lait. Je ramasse des avelines et m’ingénie à quelques ricochets. Cela ne fonctionne pas. Les croquants flottent nonchalamment sur la surface crémeuse, comme des petits bateaux sans jambes.

C’est décidé, je ferai un moelleux chocolat avec des noisettes.

J’en remise une centaine de grammes, à vue de nez, au fond de mon sac à dos. Elles amèneront du croquant à l’ensemble. Il n’y aura plus qu’à ajouter une pluie de farine, fine la pluie, drue et serrée. Dans les quatre-vingts grammes. Une ou deux larmes de beurre bien mollet, disons des larmes pour soixante grammes. Justement, j’en ai une belle motte au frigo. Ensuite, un tour au poulailler pour prélever deux, voire trois œufs à Meghan, ma pondeuse du Sussex. Ils seront gros et goûteux à souhait. Je sais que Meghan ne m’en tiendra pas rigueur. Une pincée de levure pour monter ce subtil assemblage, en gros un demi-paquet et… Oups ! j’allais oublier quelques cristaux de sucre, histoire d’adoucir l’amer du chocolat. Je ne sais pas, environ cinquante grammes. Et le chocolat, bien sûr ! Ne lésinons pas sur lui, disons deux cents grammes de noir corsé à soixante-quatre pour cent, ce presque médicament faisant autant de bien au corps qu’à l’esprit. Ce noble allié retardera l’arrivée de mes rides en même temps qu’il m’aidera à rester dynamique plus longtemps, et ceci, grâce à tous ces antioxydants. Ah, comme je les aime ceux-là, braves amis ! Enfin, c’est surtout le moelleux choco-noisettes que j’aime. Et la cuisson ? Bah, une demi-heure dans le four à pain de Marcel. Espérons qu’il tienne les cent quatre-vingts degrés.

Allez zou ! retour à la casa et préparation des festivités sucrées. Oh, je crois que je vais allonger le pas, moi…

La vraie recette du moelleux chocolat noisettes du magazine Ricardo.

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