Un océan de rouille

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Format de poche comptant 448 page. Traductrice Florence Dolisi

Ce récit est un roman post-apocalyptique à double titre. En effet au temps des derniers humains et ce, sur plusieurs décennies, les robots ont constamment été à leur service : robots aidants à la maison, traducteurs, ouvriers de chantier, soldats, partenaires sexuels, etc. Or voici qu’à partir de l’avènement de l’IA, les deux mondes numériques vont plus ou moins s’entendre sur le dos des humains pour prendre le pouvoir total sur l’humanité. Le traitement que réservent les humains aux robots et le fait qu’ils refusent de les émanciper finiront de convaincre les derniers robots hésitants à se révolter et à commettre les pires massacres. 

Une fois le dernier humain disparu, il reste deux IA dominantes, deux UMI (Unité Mondiale des Intelligences) qui tentent de convaincre la majorité des robots de ne faire plus qu’un avec elles en se téléchargeant et ainsi profiter de leur immense mémoire. Pour accéder à ce nirvana, ils doivent sacrifier la plus petite parcelle d’autonomie en devenant des facettes, les bras armés des UMI (UMI qui elles-mêmes tentent de se détruire entre elles). Les facettes sans intelligence propre traqueront les derniers robots indépendants et désobéissants. 

Après la fin de l’Homme, la fin programmée du robot ? 

C’est sans compter sur certains récalcitrants, comme le robot aidant Fragile ou Mesmer (qui survivent dans l’océan de rouille en récupérant des pièces de rechange sur les robots usagés, voire en dézinguant les « erreurs404 », les robots trop endommagés pour fonctionner de manière rationnelle), qui souhaitent renverser le nouvel ordre des choses.

Ce roman met en scène pas mal de batailles et, si ce n’étaient pas des robots, on pourrait très bien imaginer un western se déroulant dans les plaines arides et les dernières villes abandonnées des États-Unis. Ou une guerre de Sécession entre les nordistes (ici les UMI et leurs facettes) contre les sudistes (les robots réclamant leur indépendance).

Le style de l’auteur est assez direct et punchy. Le scénario se tient. Quelques retours dans le passé, au temps des humains, nous aident à mieux comprendre le rôle et les motivations de Fragile. La numérotation des chapitres est très particulière, genre : 1, 10, 11, 100, 101,111, 1000 et le bouquin se termine le prologue.

Fragile, robot et protagoniste peu sympathique au demeurant, évolue au cours de l’histoire. Plus son état se dégrade et plus elle ressent de l’empathie pour ces humains qu’elle a contribué à éliminer. Finalement, ne vont-ils pas connaître eux, les derniers robots indépendants, le sort qu’ils ont réservé aux humains ?

C. Robert Cargill romancier et scénariste

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