Culture en vrac et en délires II

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Henri Potier à l’école des sourciers

MCE TV – Ouest-France

Pour les besoins de mon histoire, les noms du film ainsi que ceux des personnages ont été changés. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite… 🙂

Contexte.

Après la disparition tragique de FleurdeLys et de Jacques Potier, les parents d’Henri, le jeune garçon est recueilli par sa tante Bégonia, la sœur de FleurdeLys, et son oncle Verrat. Son oncle et sa tante qui sont de fieffés glandeurs – terme désignant les non-sourciers – haïssent sa famille. Ils maltraitent quotidiennement le garçon et autorisent même leur fils Porcinet à l’humilier. Henri est malheureux. Il a peu de souvenirs de ses proches, dont on lui a assuré qu’ils étaient morts dans un accident d’autos tamponneuses.

Le jour de ses onze ans, un nain géant d’un mètre quatre-vingts du nom de Rupert Hagreu vient le trouver pour l’emmener à PuduLard, une école de sourcellerie, où il est attendu pour la rentrée. Hagreu lui révèle qu’il est sourcier comme ses parents et que ceux-ci ont en réalité été tués par le plus maléfique et puissant marabout du monde de la sourcellerie : GueuleDeMort, surnommé « Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sinon-Tu-Vas-Te-Le-Prendre-En-Pleine-Gueule-Et-Ça-Va-Faire-Mal ». GueuleDeMort a aussi cherché à éliminer Henri, mais ce dernier a survécu en gardant une cicatrice sur le front en forme d’« Y ». Le « Y » symbolisant une baguette de coudrier – pour les incultes, c’est l’ancien nom du noisetier.

Henri entre donc à l’école des sourciers au sein de laquelle le professeur Albert Doubledoor est directeur. Lors de sa première année, il va tenter d’élucider le mystère de la pierre ponce philosophale, aidé par ses deux camarades, Ronron le Roumain et Calzone, une Sicilienne du clan Corleone.

Pour l’instant, nous le retrouvons en plein cours de potions magiques.

— Par les cornes élimées de Flexedouille ! Qui a eu l’outrecuidance de commettre cette odieuse mixture ? hurle Drog, le sévère prof de magie.

Drog est herboristo-droguiste. Il cultive quelques carrés d’herbes fraîches dont il extrait les essences pour ses cours et sa consommation personnelle. Il est habillé de noir, a le cheveu corbeau, le regard charbon, la moue lugubre, le commentaire sinistre, la critique funeste, voilà pourquoi ses élèves l’ont surnommé « Drog dur ».

— Euh… c’est moi, m’sieur, avoue Henri la mine défaite.

Comme tous ses petits camarades, Henri porte une grande tunique sombre sur laquelle est cousu, sur la poitrine, le blason de PuduLard arborant les quatre maisons du bahut. Sa panoplie est complétée par un grand chapeau claque conique, une cravate saumon sauvage, une veste tergal pied-de-poule, un petit pantalon cuir pied-de porc, une paire de bottes de sept lieues labélisées Vieux Campeur pour l’hiver, des tongs made in China certifiées « Pour-C’est-Quand-Qui-Fait-Beau », et une baguette de coudrier.

— Ach ! lé nasé dé pétité Potier dé Griffdor… il est con Potier, Che fai le gorriger à l’intergour ! menace Malaufoie qui intervient subitement.

Otto Malaufoie est un Germain extrême. Il est blond, le cerveau blond, les idées blondes. Sa méchanceté n’a d’égal que sa bêtise.

Drog est surpris qu’un jeune apprenti ose l’interrompre, fût-il de Lombricard.

— Ho ! Malaufoie ! J’tai pas sonné, le p’tit blond aryen ! C’est pas la kommandantur ici ! (Puis à destination d’Henri.) Potier ! Petit prétentieux parfois paresseux portant des propos peu pertinents !

— C’est bien moi, m’sieur.

— Pitoyable, Potier ! Vous êtes indigne de PuduLard ! Vous avez l’impudence de mélanger des amphétamines et de la mescaline avec un zeste de cocaïne ! Pensez-vous qu’un sourcier a la moindre chance de détecter une trace d’eau souterraine en avalant cette composition ?

Voyant son camarade empêtré dans les fils gluants de l’embarras, Ronron le Roumain intervient. Tout le monde le sait : face au Drog Dur, on a besoin de soutien. Maigre et roux, il est habitué aux brimades.

Donc, une de plus…

— Mais, monsieur le magicien-chef, c’est un mélange qui nous a été soufflé en rêve par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sinon-Tu-Vas-Te-Le-Prendre-En-Pleine-Gueule-Et-Ça-Va-Faire-Mal.

— Comment ?

— Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sinon-Tu-Vas-Te-Le-Prendre-En-Pleine-Gueule-Et-Ça-Va-Faire-Mal.

— Stupéfiant ! lâche Drog. Vous sniffez la schnouf de GueuleDeMort !

Soudain, il paraît branché sur le 110 Volts – ne me parle pas du 220 Volts, lecteur ! Y a pas de plus de 220 Volts au pays de Jacques Espire que de 110 au pays de Jean-Baptiste Polequin !

— C’est notre cerveau qui le sniffe, monsieur Drog. Comme qui dirait à l’insu de notre plein nez, répond Potier apeuré.

C’est alors que Calzone la Sicilienne se lève.

— Eh si ! S’pèce de purritu de larrio – impossible de traduire, mon chéri de lecteur, des oreilles chastes nous lisent, enfin nous écoutent –, tu insinues que miei amici sont des menteurs ! Attenzione ! Chez nous les Corleone, on jette des sorts à coups de sulfateuse ! Le respect de la famigghia, c’est molto importante ! gronde la filleule du parrain.

Surexcité, la bave aux commissures des lèvres, l’œil injecté de sang, Drog baragouine entre ses dents cariées une formule : tournicoti, tournicota, etc. – mon sens des responsabilités m’interdit de te divulguer le reste de cette formulation dangereuse, public –, qui s’apprête à transformer les trois cancres en une sorte de bouillie verte.

Par chance pour eux, c’est à ce moment précis que Doubledoor entre dans la classe.

— Bonjour, mes enfants.

— Levez-vous ! rugit Drog.

Albert Doubledoor est un vieil homme sage comme une image. Une barbe de cent ans lui dévore le visage. Il a les yeux humides et rouges, non pas parce qu’il est sensible, mais à cause d’une conjonctivite aiguë. Vêtu d’une longue djellaba blanche et d’une chéchia bordeaux, souvenirs d’un voyage à Constantinople, il arbore aux pieds de magnifiques babouches – un superbe cuir, j’ti fis un prix d’ami, ça m’fis plisir !

— Merci, monsieur le spécialiste des herbes qui rendent euphoriques. Comme je vous l’ai déjà annoncé, PuduLard est engagé dans une compétition nationale de Lancequiche. Sur les quatre équipes de notre établissement : Griffdor, Aboudsouffle, Serdepiaf et Lombricard, une seule portera les couleurs de PuduLard. Donc, exceptionnellement, et si votre professeur est d’accord, nous abrégeons le cours et nous allons tous sur le terrain pour commencer les sélections.

— Bien sûr, directeur Doubledoor, vos souhaits sont des ordres. Oh ! si je peux me permettre, la djellaba vous sied à ravir, mon admirable Vizir ! Vous êtes l’astre qui éclaire nos misérables vies, le phénix des hôtes de…

— Oui, oui bon… n’en fait pas trop, Drog ! J’essaie d’arrêter les dithyrambes !

Quelques minutes plus tard.

Dans les vastes couloirs sombres et mal éclairés – oui, je sais, c’est un pléonasme, and so what else ? J’écris ce que je veux et j’emmerde mon éditeur ! De toute façon, j’en ai pas… –, nos trois amis se concertent.

— Pff… une compét de Lancequiche, j’suis pas très fort dans ce sport, se lamente Henri. En plus, ça nous retarde dans la recherche de la pierre ponce philosophale !

Tout à coup, un groupe de seconde année débouche d’un escalier tournant et s’approche de la petite troupe.

— Yé dézingue les importuns, si ? interroge Calzone.

— Pas la peine, Calz ! Vite ! Sortez votre mouchoir et recouvrez-vous la tête. De cette façon nous serons invisibles, leur conseille Henri.

Le stratagème à l’air de fonctionner, les apprentis les dépassent sans les aborder. Seuls quelques ricanements arrivent à leurs oreilles – et des doigts d’honneur qu’ils ne prennent pas pour eux, puisqu’ils sont invisibles.

— C’est quoi cette pierre ponce philosophale ? s’enquiert Calzone.

— Une pierre qui transmute les boutons d’acné en pièces d’or, commente Henri.

À ces mots, Ronron le Roumain a les yeux qui brillent – j’te vois venir public, tu me catalogues comme fâcheux facho parce que j’associe « Roumain » à « or » et à « yeux qui brillent ». T’as vraiment l’esprit djoum-djoum (dérangé chez nos amis d’outre-Quiévrain), mon lecteur adoré ! Ronron a les mirettes qui scintillent parce qu’il a la tronche couverte de bubons violacés et baveux. Aussi, pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable en récupérant un peu de blé ?

— Génial ! Il faut se lancer à sa recherche et…

Tuuuuuuuuuuuuuu

Un coup de sifflet les tire de leur causerie, il est temps de rejoindre le stade pour la compétition de Lancequiche.

Quelle équipe arrivera-t-elle à se qualifier pour représenter PuduLard ? Et d’abord qu’est-ce que le Lancequiche ? Comment se déroule un match ? Pourquoi un magicien-chef comme Drog a-t-il les dents cariées et une haleine fétide et, question subsidiaire, pourquoi le directeur Doubledoor s’est-il entiché de la djellaba ? Que faut-il penser de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sinon-Tu-Vas-Te-Le-Prendre-En-Pleine-Gueule-Et-Ça-Va-Faire-Mal ? Mythe ? Réalité ? Infox ? En tout état de cause, un surnom certainement inventé par une personne ne souffrant pas d’hippopotomonstrosesquipédaliophobie. Vous aurez toutes ces réponses dans une suite éventuelle, ou pas…

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