Culture en vrac et en délires

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Star Tek

Star Trek © Desilu Productions

Pour les besoins de mon histoire, les noms de la série ainsi que ceux des personnages ont été changés. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite… 🙂

Le vaisseau Entreprise, fortement ballotté par les courants boursiers, se perd dans les replis d’un univers parallèle les quinze premiers jours du mois calendaire et perpendiculaire les quinze derniers. Un univers dantesque où des forces titanesques attirent l’Entreprise dans les méandres des couloirs du temps d’une puissance tantôt alliée, tantôt ennemie, appelée Administration.

Heureusement, le capitaine Kork veille sur la passerelle.

— Monsieur Spick ! Nous dérivons outrageusement vers cette espèce de trou mal lavé !

— Exact, capitaine Kork. Je dirais même plus, il semble que nous dérivions vers un trou noir de la pire espèce : une sorte de trou de mémoire.

— Un trou de mémoire ? Fichtre ! Je ne me rappelle plus ce que cela veut dire !

Monsieur Spick remue un moment ses oreilles qu’il a en pointe, signe d’une intense activité cérébrale chez lui – pas parce qu’elles sont pointues mais parce qu’il les remue, essaie de suivre, ô mon lecteur adoré !

— Eh bien, capitaine Kork, cela veut dire que si l’Entreprise tombe dans ce maelstrom administratif, nous serons obligés de faire éternellement la queue de guichet en guichet pour tenter de regagner la sortie. Entre le manque de personnel, les grèves déclarées, les grèves surprises, les femmes enceintes, les hommes enceints – tout à fait, mon chéri de lecteur, dans l’univers Administration même les hommes tombent enceints pour bénéficier de tas d’avantages liés à cette condition –, jamais nous ne regagnerons notre vieille bonne Voie lactée.

— J’ai compris, monsieur Spick ! Moi commandant, jamais je n’exposerai l’Entreprise à ce péril !

— Mais vous êtes capitaine, commandant ! déglutit Spick.

La capitaine Kork, commandant le vaisseau Entreprise, bombe le torse dans sa jolie combinaison de travail 60 % coton, 40 % poil de Shertak à deux bosses. Un tantinet engoncé à la taille depuis qu’il a pris vingt kilos à s’enfiler les chocolats de la réserve, il tente toutefois de préserver la solennité de sa charge.

— Lieutenant Solo, veuillez inverser les turbophaseurs, je vous prie. Je n’ai nullement l’intention de laisser sombrer mon Entreprise dans ce trou noir administratif.

Solo est petit, jaune, a les yeux bridés et il est fourbe – pas de racisme dans ce propos, il est lieutenant et il convoite la place du capitaine. Sacré nom d’une pipe en carbure extrudé, je le sais mieux que toi, lecteur, vu que c’est moi qui écris !

— J’inverse les turbophaseurs, capitaine. En outre, je prends sur moi d’infléchir les manomètres à 2. C’est risqué mais ça peut marcher.

— Non mais dis donc ! C’est qui l’enseigne de l’Entreprise !

L’homme qui a crié s’appelle Chokev. Il est brun, le sourire Gips, et semble sponsorisé par une foultitude de marques commerciales de produits de beauté, c’est pourquoi il opère en tant qu’enseigne de l’Entreprise.

— C’est moi l’enseigne de vaisseau, c’est moi qui donne la direction, rugit-il du haut de ses talonnettes qu’il frappe rageusement sur le sol – il a été recruté sur la planète Mykonos, ceci expliquant cela !

Solo bride encore plus les yeux.

— Oh ! tu vas pas faire ta boudeuse la Chokev ! L’autre soir, quand je t’ai bidouillé le manomètre t’avais l’air d’appr…

— Il suffit les enfants ! Pendant que vous vous disputez, nous approchons en périphérie du trou ! (Hors de lui, Kork a hurlé.) Je veux et j’exige que les manomètres soient à deux fois deux, lieutenant Solo. À propos, qu’en pense l’ingénieur Scytto ?

Scytto est un brave Pakistanais naturalisé brave Écossais. Il a deux passions dans la vie, l’Entreprise et le whisky. Effondré sur son siège, il a apparemment abusé de la seconde.

— Blurps… capitaine, oh, capitaine abandonné… merde pourquoi je chante du Gold moi ? Hips, tout à fait captain, manomètres à deux fois deux, ça semble correct. Mais n’oubliez pas de…

Zzzzzzzzzzzzzzzz

— Mortecouille, Scytto, c’est pas le moment de dormir ! Vous dites « n’oubliez pas de » ? De faire quoi ? Si vous persistez à dormir, je vais vous toucher là où tout bon Écossais est sensible : les cordons de la bourse ! Je vous solde la sucre !

Scytto se réveille d’un bond, il a compris l’allusion.

— Scusez, capitaine Kork, je voulais dire : n’oubliez pas de godiller avec les ultra-sons pour sortir de l’impasse.

Pendant ce temps – qui s’écoule différemment, puisque lorsque l’on se rapproche d’un trou noir administratif, le temps Entreprise se cale sur le temps Administration hyper ralenti –, le vaisseau pointe son nez à l’orée du trou.

— Nooooonnnn ! Nous pénéééétrons dans le viiiiide addddminisssstratifff – les voix sont hyper ralenties, mais je vais reprendre au rythme normal pour une meilleure compréhension. Allez, les gars, souquez ferme ! Hissez hauts, matelots !

La lutte pour la survie de l’Entreprise est acharnée. Le lieutenant Solo inverse les turbophaseurs à fond. Il sue à grosses gouttes sur sa console. Il a même mis tous ses appels sur messagerie. L’enseigne Chokev a bidouillé les manomètres à deux fois deux, et maintenant il se fait les ongles. L’ingénieur Scytto godille des ultra-sons à vitesse supraluminique. Monsieur Spick garde un calme vulcanien, tandis que le capitaine Kork tente de rajuster son slip sous sa combinaison.

Une demi-mesure de temps cosmique plus tard, l’Entreprise est tirée d’affaire. Kork est tout ému lorsqu’il reprend la parole.

— YES ! Il s’en est fallu d’un cheveu que nous tombions dans le trou de mémoire. Messieurs, grâce à votre travail acharné nous avons sauvé l’Entreprise !

L’équipage saute de joie, sauf Spick. Kork le remarque.

— Tu peux te dérider cinq minutes, Spick ! Profite un peu de la vie, arrête de faire la gueule !

— Mais, capitaine, je suis à mon maximum et vous ne voyez rien ! Dois-je vous rappeler que sur Vulcain lorsque l’on rigole les fesses s’entrechoquent l’une sur l’autre et…

— Meeerde ! jure Solo, qui a coupé Spick. On a reculé trop vite et on se retrouve face à la flotte Klongin !

— Monsieur Spick ! Nous dérivons outrageusement vers cette espèce de flotte de l’empire Klongin !

— Exact, capitaine Kork, confirme Monsieur Spick, dont les fesses ont repris leur position d’origine. Je dirais même plus…

L’entreprise va-t-elle se sortir de ce nouveau piège ? La concurrence Klonguine ne va-t-elle pas tailler des croupières à l’Entreprise de Kork ? Kork en profitera-t-il pour perdre un peu de poids ? Monsieur Spick aura-t-il toujours des oreilles pointues à la fin de l’aventure ? Solo arrivera-t-il à se débrider un peu ? Chokev et Scytto auront-ils une liaison, et question corollaire, pourront-ils se marier et adopter des enfants ? Vous ne le saurez jamais, chers lecteurs, à moins d’écrire la suite…

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