Mes mains tremblent, sauvages et rageuses. Mon esprit les suit ; qui s’agite en cadence. Sarabande infernale sonnant le glas du monde des vivants, mon cœur cogne, s’échappe de ma poitrine et s’écrase, rougeoyant, sur les murs blancs de mon inconscience. J’ai la bouche sèche et pâteuse d’un passager du désert condamné à vivre au pays de la soif, et qui ne serait vivant qu’à l’état liquide.
Soudain, des flashs crépitent, éclaboussant ma rétine, me confiant des images que vous ne saurez qu’entrevoir.
Devant moi ; un flacon, une bouteille à la mer, issue fatale d’un naufrage annoncé.
Un goulot interminable, une croupe callipyge, une belle couleur ambrée en guise de messages submergent mon âme prête à succomber. Elle me regarde, éblouissante, tentante, impudique. Comme une femme des îles, son odeur exhale des parfums de vanille, de miel et de muscade.
Je me calme à son contact, sa peau semble tiède et cuivrée. Elle se fait câline, comme une vieille amie, une amante. Nous étions deux corps séparés, se retrouvant enfin. Je la prends par le fond en fichant mon pouce dans son fût. Avec mon autre main, je la caresse. Elle s’étire gracieusement vers les sommets. L’épaule tressaille, le col gracile frémit sous mes doigts. Au bout, une bague l’enserre : serais-je marié à cette catin ?
Offert à mes lèvres aimantes, le calice me livre son précieux nectar. Un torrent de plaisir inonde mon palais, le palais d’un ancien monarque déchu. Le flot s’écoule, en cascades successives, qui noient mon chagrin et me rendent à la vie. Extatique, je gémis en saccades. Quelques gouttes divines se répandent sur le sol ; je les lèche avidement, esclave de mes tourments.
Ivre d’amour, je jouis de cette passion mortifère. Ma conscience se disperse, mon humeur s’embrume ; léger comme une plume, je survole les nuages. Je suis le roi Azur. Très haut dans l’éther, mon âme sourit. Je voyage à des vitesses prodigieuses, les frontières s’abolissent. Submergé par des vagues de bonheur, je m’abandonne au ressac. Puis ; j’émerge lentement de cette petite mort.
Désirée gît là ; transparente, vide, vide d’expression.
Elle sent que je suis fou d’elle, alors que je la répugne.
Libre un instant, je tutoie les anges, je n’ai plus peur d’exister.
Pourtant, son reflet diabolique me terrifie. Cette eau-de-vie me tue.
Dans un éclair de lucidité, je réalise ; je ne suis qu’une charogne en sursis…
Selon un rapport publié en 2018 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’abus d’alcool a entraîné en 2016 plus de trois millions de décès, soit un décès sur 20. Plus des trois quarts de ces décès concernaient des hommes. L’abus d’alcool représente plus de 5 % de la charge de morbidité au niveau mondial.
OMS 21 septembre 2018 Communiqué de presse
Genève
La consommation d’alcool représente un enjeu de santé publique majeur en France, où elle est à l’origine de 49 000 décès par an. Il en est de même en Europe, où elle est responsable de plus de 7 % des maladies et décès prématurés. Au niveau mondial, l’alcool est considéré comme le troisième facteur de risque de morbidité, après l’hypertension artérielle et le tabac. La consommation d’alcool provoque des dommages importants sur la santé. Elle peut agir sur le « capital santé » des buveurs tout au long de la vie, depuis le stade embryonnaire jusqu’au grand âge.
https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/addictions/article/l-addiction-a-l-alcool