Une histoire simple d’ennui, d’adultère, de médiocrité, d’envies insatiables, d’amour en général, de sexe en particulier, de langueur, d’alanguissement, de mélancolie, de rencontres avec l’homme idéal : une fois, deux fois, trois fois ; de dettes, de reproches voilés et finalement de suicide.
Bref, un roman réaliste (premier d’un jeune auteur) magnifiquement écrit qui dépeint les mœurs et les travers de son époque. Tout le monde ou à peu près tout le monde connaît Madame Bovary. La valeur ajoutée des éditions GF Flammarion consiste à adjoindre au roman des extraits significatifs du procès qu’on intente à Flaubert pour outrage et obscénité. Une affaire qui sera jugée par le tribunal correctionnel de Paris, 6e chambre. Le réquisitoire de l’avocat impérial, Ernest Pinard, est un bijou de surréalisme aujourd’hui où l’adultère ne constitue plus une faute pénale, mais simplement civile. La plaidoirie de Maître Sénard, longue et détaillée, s’appuyant sur des passages très précis du texte, reprend chaque point de l’avocat impérial en les démontant. Quant au jugement et à ses attendus, il faudra attendre l’ultime fin (quel suspense insoutenable !) pour comprendre que Zola ainsi que Pichat, gérant du recueil périodique dans lequel est publié Madame Bovary sous forme de feuilleton et Pillet, imprimeur dudit périodique sont enfin acquittés.
Rien que pour l’intérêt de cette partie juridique, qui vaut son pesant d’or, même si le style est à des années-lumière de celui de Flaubert pour son récit (le droit n’est pas romanesque), il est intéressant de se (re) plonger dans les arcanes dramatiques de cette histoire d’adultère (mais pas que !) À quelques euros le chef-d’œuvre, il ne faut pas hésiter !