1984

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Nouvelle traduction de Josée Kamoun

J’ai acheté cette nouvelle traduction, réalisée en 2018, du roman 1984 de George Orwell. Et tout de suite je remarque que le récit d’origine au prétérit (passé simple en version française) est réécrit au présent de l’indicatif. Cela le rend sûrement plus actuel, collant davantage au climat anxiogène ambiant et, peut-être, le rend plus accessible à un jeune lectorat. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a là une réinterprétation « particulièrement téméraire » de la pensée d’Orwell, comme si le texte, par un pied de nez malicieux de l’Histoire, était passé entre les mains d’un Winston Smith, employé lambda de Miniver (le ministère de la Vérité) pour être révisé et coller à la vérité du moment.

Et encore, on a échappé de justesse à Grand Frère pour Big Brother. Cependant madame Josée Kamoun, traductrice renommée chez Gallimard, tente de coller au plus près des termes d’origine. Le Newspeak est traduit en néoparler, exit le ou la novlangue. L’Angsoc et devenu le Sociang (socialisme anglais). La police de la pensée mute en mentopolice. La double-pensée est corrigée en doublepenser. Du coup cela correspond peut-être mieux à la notion de novlangue, oh pardon ! de néoparler. 🙂 Quant au fameux slogan du parti « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force », il est transformé en « Guerre est paix, liberté est servitude, ignorance est puissance ».

Ah, j’allais oublier Big Brother me tutoie, ça fait froid dans le dos !

Bref, cette traduction est sûrement intéressante en cela qu’elle rafraîchit le travail d’Amélie Audiberti datant de 70 ans. Elle peut aussi amener de nouveaux lecteurs au roman. Cependant, il me semble que pour celles et ceux qui connaissent le texte d’avant (en français), il est difficile de ne pas comparer. De fait, j’ai eu un peu de mal à me concentrer sur les déboires de Winston Smith parce que j’étais tenté de retraduire en ancilangue, enfin en obsoparler comme dirait Josée Kamoun.

Depuis deux autres traductions ont vu le jour, celle de Célia Izoard pour les éditions Agone et celle de Philippe Jaworski pour Gallimard collection Folio Classique. Voici un petit aperçu de quelques différences.

Chacun se fera sa propre idée. Quant à moi, ce qui compte c’est que 1984 soit toujours lu et que George Orwell fasse encore partie des auteurs incontournables de la littérature SF, une référence dans le roman d’anticipation.

Une interview de Josée Kamoun concernant cette nouvelle traduction sur le site Cercle Gallimard de l’enseignement en cliquant : ici

Pour compléter et se faire une idée plus précise un article intéressant sur En attendant Nadeau, journal de la littérature, des idées et des arts : ici

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