Thierry Ledru
J’ai lu le roman Jusqu’au bout de Thierry Ledru et moi qui m’attendais à « vivre » les affres quotidiennes d’un jeune instituteur de campagne dans une commune rurale des Côtes-d’Armor en Bretagne, j’ai une cousine qui exerce ce beau métier et qui m’en a beaucoup parlé, eh bien je dois avouer que le récit m’a pris par surprise. Alors certes, la petite classe est bien décrite, les enfants, au nombre de huit, sont tous très attachants, et Pierre fait de son mieux pour leur enseigner le programme prévu par l’Éducation nationale. Mais, et c’est là tout l’intérêt de la chose à mon sens, Pierre est un rebelle né. Pour lui le seul véritable intérêt de son métier consiste à éveiller les enfants en allant au-delà de ce programme obligatoire, leur donner les outils pour penser librement, leur enseigner la nature en théorie et en pratique, et surtout les défendre contre vents et marées contre certains parents qui jugent que l’école n’est pas si indispensable que cela et que les travaux à la ferme priment avant toute chose.
L’auteur a su donner à Pierre un caractère trempé. C’est un jeune homme entier qui n’hésite pas à agir en donnant de sa personne, même à l’encontre de la loi et d’une morale qu’il réprouve. Quand je dis agir, cela va bien au-delà de l’enseignant qui se met debout sur une table pour faire comprendre un changement de point de vue. L’homme a des convictions et pour lui le monde se divise en deux catégories : ceux qui veulent le bien des enfants et leur émancipation et les autres. Pour les autres, il leur réservera un traitement assez spécial.
A contrario, pour sa vie amoureuse, ses convictions sont beaucoup moins arrêtées. Pierre se cherche, s’estimant floué par une première relation sérieuse avec qui il compte mettre beaucoup de distance. Dès lors il butine de fleur en fleur et à leur contact, se calme progressivement jusqu’à trouver les personnes avec qui il partage une entière communauté de vues.
Va-t-il s’assagir ? Rentrer dans le rang et obéir à la machine administrative ? Aura-t-il un comportement apaisé vis-à-vis des parents en général et d’un certain Miossec en particulier, la terreur des parents d’élèves qui tente de les monter contre lui ?
Vous le saurez en lisant Jusqu’au bout, jusqu’au bout… Et surtout chers lecteurs, gardez en mémoire que ce roman n’est pas une étude sociologique ayant pour cadre l’Éducation nationale. C’est avant tout l’histoire d’une vie qui se cherche, se révolte, réalise de belles choses, en commet de moins belles. Pour Pierre l’enseignement n’est pas un long fleuve tranquille, mais plutôt un torrent aussi furieux que dangereux.
Alors, installez-vous du mieux possible et laissez-vous emporter par cette histoire. Attention, ça va remuer !